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Politesse. Nous sommes doublement liés à nos semblables : par des sentiments personnels et par les normes sociales que nous partageons. Mais la violence des passions et la force des lois ne peuvent faire oublier ceci qui est élémentaire : comment s’accommode-t-on à l’autre? Comment fait-on pour prendre un siège dans un tramway bondé, entre un gros homme et une jeune mère qui a son enfant sur les genoux? Comment apprivoise-t-on l’autre? Comment, dans une réception, s’adresse-t-on à une femme qu’on ne connaît pas? Comment en vient-on à estimer l’autre, car l’autre n’est pas quelconque, et à l’introduire dans la vie qu’on mène, à la place qu’il mérite? Et je ne parle pas de l’Autre en général, mais de Pierre ou de Julie. Il faut amorcer la relation, et l’amorcer comme il convient. Il faut lui donner de la valeur et aussi une forme à partir de ce commencement qui ne se commande pas et qui est cependant déterminant. Il faut entrer dans le domaine de l’estime et de la mutuelle convenance des attitudes, des comportements, des intentions. Il faut entrer dans le domaine de la politesse, de la politesse du cœur, si l’on tient à ce mot.