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Née du rejet de la modernité, l'islamisme n'aurait jamais pu résister à la tentation de s'approprier celle-ci. Bon nombre de mouvements islamistes finiront ainsi par se réorganiser dans des partis politiques qui s'efforcent de réduire le contenu religieux de leurs statuts et de leurs programmes électoraux en mettant l'accent sur le socioéconomique. Sur le plan académique, ce contexte a laissé émerger la question du devenir de l'islamisme sous l'effet de toutes ces transformations. C'est d'ailleurs au coeur de ce chantier que s'aventurera l'étude proposée dans cet ouvrage.
Celle-ci se propose ainsi d'examiner l'hypothèse de la sécularisation de l'islamisme dans un contexte précis, celui du Maroc, en se limitant toutefois à l'étude d'une organisation islamiste bicéphale se constituant à la fois d'un groupe religieux, le Mouvement de l'unicité et de la réforme (ḥarakat al-tawḥīd wa al-iṣlāh, MUR), et d'un parti politique, le Parti de la justice et du développement (ḥizb al-ʻadāla wa al-tanmiya, PJD). Cela, pendant une période clé de l'histoire de cette organisation, laquelle sépare la date d'instauration de ce parti politique (1996) de celle de son accès au gouvernement du Maroc (2012). L'idée est de suivre et d'analyser l'effet produit par le parti politique sur le groupe religieux au sein de cette organisation islamiste marocaine voguant entre intransigeance religieuse et sécularisation potentielle.